L’assassinat de la famille Romanov et de ceux qui ont choisi de les accompagner en exil, le Dr Evgueni Sergueïevitch Botkine, Anna Stepanovna Demidova, Alekseï Egorovitch Trupp et Ivan Kharitonov, a eu lieu à Ekaterinbourg dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918 sur les ordres de Lénine.
Son compte-rendu se base sur le dossier Sokholov, nommé d’après le juge d’instruction qui enquêta sur place et publia une partie de son rapport en 1924. Des recherches controversées, rejetées par la majorité des historiens et des scientifiques, remettent pourtant en cause les conclusions de ce rapport.
Le 15 août 2000, l’Église orthodoxe russe annonce la canonisation des Romanov pour « leur humilité, leur patience et leur douceur ». Le 1er octobre 2008, la Cour suprême de la Fédération de Russie poursuit la campagne de réhabilitation des Romanov et estime que Nicolas II et sa famille ont été victimes de la répression politique.
Le contexte
Le 22 mars 1917, Nicolas II, qui a abdiqué quelques jours plus tôt, est placé en résidence surveillée avec sa famille au Palais Alexandre situé à Tsarskoïe Selo près de Saint-Pétersbourg. La même nuit, une bande de soldats profane le tombeau de Raspoutine, jette son cadavre sur un bûcher. Le corps brûle pendant six heures jusqu’à ce que les cendres soient dispersées par le vent glacé.
En août 1917, le gouvernement provisoire d’Alexandre Kerenski évacue les Romanov à Tobolsk en Sibérie, selon lui, pour les protéger contre les débordements de la Révolution.
Là, ils vivent plutôt confortablement dans l’ancien hôtel particulier du gouverneur.
Après la prise du pouvoir des bolcheviks en octobre 1917, les conditions de leur détention deviennent plus strictes. L’imminence de leur procès est fréquemment évoquée tandis que la famille subit régulièrement insultes et vexations : On interdit à Nicolas II de porter ses épaulettes, les sentinelles griffonnent des dessins obscènes sur la clôture pour choquer ses filles.
Le 1er mars 1918, la famille vit sur des rations de soldats et doit se séparer de dix serviteurs.
La lutte entre l’Armée rouge et les Armées blanches s’intensifiant, la famille est rapatriée en deux convois (Nicolas II, Alexandra et leur fille Maria en avril, le tsarévitch Alexis trop malade pour accompagner, est resté avec ses sœurs Olga, Tatiana et Anastasia et ne quittent Tobolsk qu’en mai 1918) dans la direction de Moscou avant de bifurquer vers l’Oural et de les enfermer dans la villa Ipatiev à Iekaterinbourg.
La peur que des membres de la famille Romanov s’évadent ou soient exfiltrés par les Anglais (Nicolas II étant le cousin et ami du roi du Royaume-Uni George V) a ainsi poussé les autorités russes à passer d’une résidence surveillée à Tsarskoïe Selo à une détention dans la villa Ipatiev.
Déroulement de l’assassinat
Le geôlier Iakov Iourovski
Au cœur de l’été 1918, le geôlier des Romanov est remplacé par le nouveau super-intendant Iakov Iourovski.
La pression des Armées blanches sur les faubourgs de Iekaterinbourg accélère les événements : un télégramme donnant l’ordre d’exécuter les prisonniers au nom du Soviet régional de l’Oural est signé par Iakov Sverdlov.
Vers minuit, le 16 juillet, Iakov Iourovski ordonne au Dr Evgueni Sergueïevitch Botkine de réveiller les Romanov et leurs quatre derniers serviteurs et de leur demander de se préparer pour un voyage dont on leur tait la destination.
Ils sont conduits vers une pièce dans l’entresol. L’ex-empereur fait apporter deux chaises pour lui et sa femme. Un peloton d’une douzaine d’hommes apparaît et le geôlier déclare :

Yakov Mikhailovich Yurovsky
« Nikolaï Alexandrovitch, les vôtres ont essayé de vous sauver, mais ils n’y sont pas parvenus. Et nous sommes obligés de vous fusiller. Votre vie est terminée. »
— Iakov Iourovski
Les tirs ont lieu à bout portant.
Iourovski aurait levé son arme et tiré sur Nicolas, qui meurt sur le coup.
Les autres bourreaux tirent jusqu’à ce que toutes les victimes tombent. Le tsarévitch rampe vers la porte, le Commissaire bolchevik Peter Ermakov lui défonce le crâne à coups de baïonnette.
Les dernières survivantes (Anastasia, Tatiana, Olga, et Maria dont les diamants cousus dans leurs vêtements leur ont servi un temps de gilet pare-balle) sont exécutées tout aussi sauvagement car leurs cris pourraient être entendus à l’extérieur.
Les corps sont placés dans des draps, conduits en camion dans une fondrière à quelques kilomètres de là, brûlés à la chaux vive et au vitriol.
Les corps n’étant pas complètement dissous à l’aube, les bourreaux reviennent la nuit suivante. Une annonce officielle parue dans la presse nationale, deux jours plus tard, indique que le monarque a été exécuté sur l’ordre de l’Uralispolkom (Soviet de l’Oural) pressée par l’approche des Armées blanches tchécoslovaques.
Cela fait surgir des interrogations sur le sort du reste de la famille qui officiellement a été évacué par les Bolcheviks (déclarations des dirigeants bolcheviks, notamment du commissariat du peuple aux Affaires étrangères Gueorgui Tchitcherine).
Bien que les officiels soviétiques placent la responsabilité de la décision sur l’Uralispolkom, Léon Trotsky écrit dans son journal personnel que cet assassinat a été commis sous l’autorité de Lénine.
Trotsky affirme alors dix-sept ans après les faits que les Bolcheviks ont massacré toute la famille dans le but de terroriser l’ennemi.
En 1989, le rapport de Yakov Yurovsky est publié. Selon ce rapport, les unités des légions tchèques approchaient des lieux. Craignant que ces légions prennent la ville et libèrent les Romanov, les geôliers les exécutèrent, faisant valoir qu’il n’y avait pas de « retour en arrière possible ».
Mais d’après ce rapport, que copie le rapport Sokholov, les corps ont été tous incinérés, ce qui expliquerait qu’on ne les ait pas retrouvés entre juillet 1918 et juillet 1919.
Liste des personnes ayant participé à l’assassinat de la famille impériale
Le 16 juillet 1918, les personnes chargées de l’exécution de Nicolas II de Russie, de sa famille et des membres de sa suite sont réunis.
=> Six lettons selon d’autres sources des Hongrois de la Tcheka sont réunis, deux d’entre eux se désisteront.
=> Parmi les volontaires, selon certains témoignages, figurait un hongrois, Imre Nagy, né le 7 juin 1896, en 1956 il dirigera la Révolution hongroise et sera fusillé par les Soviétiques le 16 juin 1958 à Budapest. Cependant, sa participation a été contestée par certains historiens qui remarquent que son nom apparaît seulement dans des documents soviétiques après l’écrasement de la révolte hongroise.
=> Iakov Mikhaïlovitch Iourovsky, né le 19 juin 1878 et mort le 2 août 1938 ; il se confessa le 1er février 1934 ; la même année sa fille est envoyée dans les camps de travail.
=> Grigori Petrovitch Nikouline, adjoint de Iakov Mikhaïlovitch Iourovsky ;
=> Piotr Zakarovitch Ermakov : (connu sous le sobriquet de Camarade Mauser), né le 13 décembre 1884, mort le 22 mai 1952, commandant du détachement chargé de l’exécution de la famille impériale ;
=> À Medvedev de son vrai nom Mikhaïl Koudrine : il décèdera en 1964, peu avant son décès, il offrira au Musée de la Révolution, son revolver, un Browning portant le numéro de série 3891965, cette arme aurait été utilisée pour assassiner le tsar.
=> Mikhaïlovitch Medvedev : Fils du précédent ;
=> Alexeï Kabanov : Ex membre de la Garde impériale, pendant l’assassinat du tsar et de sa famille, il se tiendra près d’une mitrailleuse installée dans le grenier de la maison Ipatiev ;
=> Stepan P. Vaganov ;
=> Pavel Spiridonovitch Medvedev, chef de la garde de la maison Ipatiev ;
=> Viktor Nikiforovitch Netrebine ;
=> Un étudiant encore mineur, selon J.F. Plotnikov il aurait été utilisé comme spécialiste de la joaillerie.
Postérité sous le régime post-communiste
En 1990, Boris Eltsine alors chef de l’État russe fait exhumer 9 des 11 corps de la famille impériale, puis procéder à une identification par une analyse ADN.
La validité de ces tests est remise en cause par certains scientifiques, comme le professeur Kitozato Tatsuo Nagai, directeur du Japanese Institute of Forensic Medicine and Science qui dispose de l’ADN du tsar issu d’un de ses mouchoirs tachés de sang lors d’un attentat au cours d’un voyage à Oda au Japon en 1890 ou de l’équipe universitaire de Stanford qui obtint l’os du doigt d’une Romanov, Élisabeth de Hesse-Darmstadt. Deux corps manquent, celui du tsarévitch Alexis et celui de l’une de ses sœurs, Maria ou Anastasia.
D’après le rapport de Yourovski, qui dirigea l’exécution, ces deux corps furent brûlés dans les bois voisins. Cependant, il n’existe aucune preuve réelle de la mort du frère et d’une des sœurs.
Le 16 juillet 1998, Nicolas II a été inhumé dans la cathédrale Pierre-et-Paul de Saint-Pétersbourg avec les membres de sa famille (sauf Alexis et l’une de ses sœurs) en présence des descendants de la famille Romanov, notamment du prince Nicolas Romanov, chef de la maison impériale de Russie.
Le patriarche de toutes les Russies, Alexis II refuse de célébrer ces obsèques, l’Église orthodoxe russe refusant de reconnaître les restes dits d’Ekaterinbourg comme ceux de la famille impériale, se raccrochant aux reliques de Sokolov.
Lors de fouilles, réalisées en juillet 2007 sous l’égide du Ministère de l’intérieur russe, au lieu probable où les corps du tsarévitch et de l’une de ses sœurs auraient été enterrés, ont été retrouvés des ossements de deux corps.
D’après les premières conclusions, il s’agirait d’un jeune garçon âgé de treize, quatorze ans et d’une jeune femme âgée de dix-neuf, vingt ans.
Tels étaient les âges du tsarévitch Alexis et de la grande-duchesse Maria au moment de leur mort. Toutefois les autorités russes avaient déjà annoncé en 1998 que ces 2 corps avaient été retrouvés dans la forêt d’Ekaterinbourg près de la fosse où furent exhumés les 9 corps.
L’église orthodoxe Sur-le-Sang-versé est construite entre 2000 et 2003 sur la colline de l’Assomption sur le lieu de l’assassinat de la famille impériale.
TEST ADN
Le 22 janvier 2008, à l’occasion du dépôt des conclusions préliminaires de l’expertise génétique, Nikolaï Nevoline, chef du bureau régional de l’expertise médico-légale de Sverdlovsk, a confié à RIA Novosti :
« Les ossements découverts le 29 juillet 2007 aux abords d’Ekaterinbourg appartiennent à des enfants du dernier empereur russe. Les analyses ADN effectuées à Ekaterinbourg et à Moscou ont confirmé notre hypothèse. Une fois ces expertises terminées, leurs résultats seront comparés à ceux de nos collègues étrangers. »
Le 30 avril 2008, les analyses génétiques effectuées par un laboratoire américain ont confirmé que les restes provenaient bien du tsarévitch Alexis et de sa sœur, la grande-duchesse Maria.
Aux yeux de certains seulement, les analyses ADN laissent peu de doute sur la réalité de l’exécution de la famille Romanov ; et les circonstances de l’exécution et de l’exhumation de la famille Romanov et de leur suite comportent suffisamment de parts d’ombre pour introduire un doute sérieux quant au forfait et faire admettre la possible survie des membres de la famille (exemple : l’affaire Anna Anderson, révélations sur Maria Nikolaïevna de Russie, Tatiana Nikolaïevna de Russie, Olga Nikolaïevna de Russie, Alexandra de Hesse ou le tsarévitch Alexis) et de l’immense fortune impériale dormant peut-être dans des coffres étrangers.
Les historiens ne donnent pas tous foi à ces tests ADN. Depuis le milieu des années 1980 nous dit Marc Ferro tous les cinq ans environ, des laboratoires souvent britanniques annonçaient les preuves de la découverte des corps de la famille Romanov ; ce qui n’empêchait pas l’absence de deux corps sans qu’on soit sûr en 2011 de l’identité des disparus.
Par ailleurs, le rapport Sokolov affirmait que si certains des corps de la famille n’avaient pas jamais été retrouvés après un an de recherche (juillet 1918-juillet 1919), c’est parce qu’ils avaient été brûlés.
Mais en 1972 un grand légiste britannique, le professeur Camps, assura auprès d’Anthony Summers et de Tom Mangold qu’il n’était pas possible en trois jours de faire disparaître par le feu onze corps “ni d’ailleurs un seul” .
De surcroît, nous expliquent Summers et Mangold, Iourovski et la Tchéka ne furent pas début juillet 1918 envoyés par Lénine pour aggraver les persécutions bien réelles imposées par les gardes-rouges avant de les achever mais au contraire pour protéger les prisonniers, sanctionner les coupables (peines de prison).
Il s’agissait de maintenir de bonnes relations avec l’Allemagne de Guillaume II, pays avec qui la famille impériale était liée par le sang ou par alliance.
Pour certaines des femmes ainsi que pour Alexis, un nombre important d’imposteurs des Romanov (en) apparaissent, se présentant comme les enfants de Nicolas II. Cela discrédite-t-il la version de la survivance ? Pas forcément si l’on examine au cas par cas ce qu’ont fait plusieurs de ces historiens, apportant régulièrement de nouveaux éléments, sans évidemment emporter toujours la conviction sur le devenir prolongé de l’ensemble de la famille de Nicolas II.
SOURCES WIKEPEDIA